Le paterfamilias immolé

Le paterfamilias immolé

Eh bien, la représentation nationale se décarcasse. Voilà plus de six mois qu’elle phosphore sur un thème de toute première urgence : l’égalité hommes-femmes. Oui, d’accord, cette égalité est depuis longtemps inscrite dans le marbre de la loi. Oui, d’accord, tant d’outrances ont déjà été proférées sur le sujet que nombre de femmes souhaitent maintenant être moins égalisées. Mais bon, l’objectif du projet de loi était clair : il s’agissait d’abord d’« assurer la pleine effectivité des droits des femmes qui sont déjà garantis dans les lois existantes ». En d’autres termes, il fallait passer une deuxième couche, afin que l’on comprenne bien l’ambition du législateur : transformer l’espèce humaine jusqu’à résoudre définitivement les questions de genre. Demain, nous serons tous des hongres. Ou mieux, tous des femmes, quand la parthénogénèse permettra la reproduction sans l’intervention encombrante des mâles. En attendant, la loi encourage le « premier parent » - autrefois appelé le « père » - à solliciter un congé de pater-maternité, afin de prendre une part égalitaire dans les guili-guili, les langes, les biberons et les rots. D’ici peu, il y sera obligé, sous peine d’être embastillé. Dans notre pays, on ne plaisante pas avec l’égalité des sexes. Ni avec l’élevage des nourrissons.

On ne plaisante pas non plus avec les termes de la loi. L’ennui, c’est que l’on doit la rédaction de notre Code civil à Napoléon et à ses juristes, tous imprégnés de droit romain. Et à ce titre porteurs d’une certaine idée de la famille. Non que la Rome impériale fût un modèle de vertu, loin s’en faut. Non que les épouses romaines fussent négligées par la loi, au contraire. Mais le paterfamilias avait des droits sur ses administrés familiaux, et des devoirs à leur égard. Une conduite que nos Codes ont transcrite par l’expression « en bon père de famille », qui synthétise la soumission aux règles de droit et le respect des valeurs morales. Mais dont la formulation est jugée « désuète » et discriminatoire, sur les bancs de nos élus ultra-égalitaristes. Lesquels souhaiteraient la remplacer par « en parent raisonnable », ce qui n’a plus vraiment le même sens. Ni le même niveau d’exigence. Mais consacre le genre neutre dans la parentalité. Cool. Finalement, on devrait réhabiliter Caligula : à la réflexion, ce n’était peut-être pas complètement loufoque d’élever son cheval préféré au rang de sénateur…

La recette du jour

La famille en chiffres

« Père » et « mère » sont devenus désuets et inégalitaires. A bannir. Mais ne vous battez pas pour briguer le statut de « parent 1 » : si la négociation se passait mal, vous pourriez vous trouver relégué(e) au rang de « parent 3 ». Celui qui requiert l’assistance d’un avocat.

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