Fondation Maeght : Bonnard et Matisse dans un superbe écrin
- Par Marie Lesimple --
- le 25 août 2024
« Mon père est sans doute le dernier à avoir connu intimement ces deux génies ». Isabelle Maeght ne cesse d’invoquer les fantômes de Bonnard et Matisse par petites phrases.
Ces souvenirs résonnent particulièrement aujourd’hui alors que nous célébrons le soixantième anniversaire de la Fondation Marguerite et Aimé Maeght à Saint Paul-de-Vence.
On ne peut pas ne pas être émus en parcourant les salles de cette exposition estivale, très temporaire, jusqu’au 6 octobre seulement, après quoi la Fondation embraiera sur d’autres projets.
- Une vue intérieure de la nouvelle salle ©M.L
Voici pourquoi : cet événement, œuvre du commissaire invité Marie-Thérèse Pulvenis de Seligny, fait focus sur l’amitié entre les deux géants de la peinture. On ne soulignera jamais assez l’importance du rôle des commissaires d’exposition, leur érudition, leur travail de fourmi pour proposer un ensemble cohérent et éclairant sur des œuvres disséminées dans les musées et les particuliers.
« La synergie de leurs amitiés s’est cristallisée durant la seconde guerre mondiale et trouve son aboutissement avec la création de la galerie Maeght à Paris en 1945 » nous rappelle Marie-Thérèse Pulvenis de Seligny. C’est ainsi que la famille Maeght a gravé son nom dans l’histoire.
Nous sentons tout au long du parcours vibrer ces âmes auxquelles il faut inclure celle d’Aimé Maeght. La disposition des œuvres présentées pour cet anniversaire dresse un tableau vivant et sensible des deux grands artistes : portraits, documents, photographies de famille, correspondance. Des témoignages qui jusqu’à présent n’ont pas toujours trouvé l’occasion de se réunir et de se montrer.
Entre Bonnard et Matisse, on peut parler de trésors intimes, d’une amitié fidèle et pleine de respect, d’admiration mutuelle empreinte d’une grande curiosité de l’un envers l’autre, même si leur mode d’expression se trouve éloigné.
Cette exposition permettra aussi de découvrir les quatre nouveaux espaces (superbes !) aménagés sous la Fondation et qui s’ouvrent sur le paysage verdoyant de la forêt. Le lieu était resté fermé de novembre 2022 à mai 2024, le temps de réaliser ces importants travaux. L’intégrité de la première Fondation dédiée à l’art moderne et contemporain en France, inspirée du modèle des grandes fondations américaines, a été respectée : « cette extension est un projet invisible » commente l’architecte maître d’oeuvre Silvio d’Ascia. C’est effectivement le cas. Les nouvelles salles ont été creusées sous le bâtiment conçu à l’origine par Josep Lluis Sert.
Ces espaces créés offrent un vaste panorama sur des oeuvres de Braque, Chagall, Miro, Tal Coat, Ubac, Mitchell, Kelly, et de bien d’autres comme Baya, ce dernier ayant fait objet d’un don récent à la Fondation.
- Superbe extension ! ©M.L
Marie LESIMPLE