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Chine, une économie à deux vitesses : des secteurs gagnants et perdants

  • le 17 août 2016

L’économie chinoise a progressé de 6,9 % en 2015, son rythme de croissance le plus lent depuis 25 ans. Ce taux de croissance devrait continuer de ralentir en 2016 et 2017 et sera inférieur à l’objectif de croissance annuelle moyenne de 6,5 % fixé par les autorités dans le plan quinquennal de 2016-2020. Les réformes structurelles en cours se concentrent davantage sur les services et la consommation, accentuant les contrastes dans le pays. La fracture entre les secteurs gagnants et perdants est liée à leur potentiel de croissance à moyen et long terme, aux politiques publiques et à la demande structurelle.

Secteurs affichant un potentiel de croissance

Globalement, les risques attribués aux secteurs gagnants susceptibles de bénéficier de meilleures perspectives de croissance à plus long terme, comme les produits pharmaceutiques et la distribution, sont faibles ou moyens selon les évaluations. Le segment des technologies de l’information et de la communication (TIC) constitue une exception, le risque attribué à ce secteur étant élevé. Cela indique que les risques de crédit des entreprises chinoises dans le secteur des TIC sont élevés en raison d’une concurrence plus vive à l’échelle régionale, malgré un solide potentiel de croissance à long terme du marché.

Le secteur pharmaceutique reste le plus performant et affiche des marges bénéficiaires stables. Outre une nette amélioration de la situation en termes de paiement en 2015, les sociétés pharmaceutiques sont moins tributaires du crédit pour le financement de leurs activités et de leurs investissements en immobilisations. Les perspectives à moyen terme sont favorables, avec une augmentation structurelle de la demande soutenue par le développement croissant de la classe moyenne et le vieillissement de la population.

Secteurs perdants affichant des risques de crédit élevés

Les secteurs perdants susceptibles de rencontrer des difficultés en termes de croissance à long terme, comme les produits chimiques et les métaux, se voient attribuer une évaluation de risque élevé, voire très élevé. Du point de vue des risques de crédit, les entreprises chinoises évoluant dans ces secteurs font face à une plus forte probabilité de défaillance ou d’insolvabilité liée à une conjoncture difficile. Les secteurs neutres, c’est-à-dire ceux qui ne bénéficient pas directement des réformes structurelles menées par l’État (comme l’agroalimentaire, les secteurs papier/bois et textile/confection), sont considérés comme présentant un risque moyen ou élevé.

Parmi les 12 secteurs, seuls le bâtiment et les métaux sont assortis d’un risque très élevé. Les risques relatifs à ces deux secteurs sont liés à des sujets d’actualité (problèmes d’endettement dans un contexte de hausse subite des créances douteuses, diverses défaillances d’obligations d’entreprises, surcapacités industrielles et entreprises zombies). Face à des investissements privés atones et au ralentissement des investissements des entreprises publiques et dans un contexte de faible rentabilité, la croissance des secteurs de la construction et de l’installation devrait fléchir au second semestre. Cela risque de jeter une ombre sur le secteur de la construction et de réduire la demande en faveur des matériaux du bâtiment, en particulier du ciment et des métaux qui souffrent déjà d’un problème de surcapacités. Ces risques pourraient être atténués par les réformes des entreprises publiques, dont les mesures concernant la « Fermeture », la « Réorganisation » et les « Partenariats Public/Privé (PPP) » devraient être mises en œuvre. Malgré quelques signes de désendettement et de réformes de l’État, les risques de crédit des entreprises de la construction (y compris des fabricants de matériaux) semblent augmenter et les perspectives sont négatives.

« Il est probable que les autorités chinoises continueront à prendre des mesures favorables concernant l’offre. Elles viseront davantage à stimuler la croissance potentielle du secteur tertiaire et à soutenir les activités de fabrication à valeur ajoutée à moyen et long terme. Toutefois, dans un contexte de réformes à la fois structurelles et axées sur les entreprises publiques, le ralentissement de l’économie chinoise devrait se poursuivre en 2016 et en 2017, avec une augmentation globale des risques de crédit pour les entreprises chinoises » a déclaré Jackit Wong, économiste Coface pour la région Asie Pacifique.

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