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Conjoncture : climat morose chez les PME-TPE

En dépit du taux de croissance du PIB de 0,4% en 2014, les performances des petites entreprises sont à la baisse, à l’exception de quelques rares secteurs. Et leurs demandes de crédit reculent légèrement, d’après la Banque de France.

Cela ne va pas bien, et ce n’est pas parti pour s’arranger ! Ce 20 octobre à Paris, la Fédération des centres de gestion agréés (FCGA) qui, via ses 100 centres, regroupe 300 000 entreprises de moins de 10 salariés, et la Banque de France présentaient conjointement leurs études, la première sur l’évolution de l’activité et des revenus des TPE et PME, en 2014 et 2015, et la seconde sur l’accès au crédit de ces entreprises.

En 2015, « l’évolution à la tendance baissière se poursuit (…) l’éclaircie qu’on nous annonce ne se traduit pas au niveau des TPE. La morosité des ménages fait que les consommateurs ne sont pas au rendez-vous. Les gens font attention », explique Yves Marmont, président de la FCGA. Ainsi, au deuxième trimestre 2015, le chiffre d’affaires a baissé de 1,3% pour les TPE et PME, tous secteurs confondus. Avec un record pour le bâtiment, dont l’activité continue de chuter avec une baisse de 2,9%. Auparavant, pour 2014, les TPE étaient « à la peine », résume Yves Marmont. En moyenne, leur chiffre d’affaires a diminué de 1%, et leur résultat courant brut moyen de 3,2%, accentuant sensiblement la baisse de l’année précédente. En 2014, le résultat courant moyen brut s’élève à 47 000 euros ( 39 000 euros, hors secteur santé). Toutefois, « tous les secteurs n’affichent pas la même performance ». Seuls « trois sur 11 présentent des évolutions positives », précise Yves Marmont. Parmi les trois secteurs qui connaissent une évolution positive de leur chiffre d’affaires, figure notamment le détail alimentaire (+ 0,5%) : « tous les ans, cela reste stable et positif. Le centre ville est un peu remis en avant, y compris quand on voit des enseignes de la grande distribution ouvrir des magasins de proximité », commente le président de la FCGA. Les secteurs des transports et les services connaissent également une évolution positive, de l’ordre de 1% environ.

En revanche, les équipements de la personne et de la maison poursuivent l’évolution négative qui est la leur depuis plusieurs années. La beauté-esthétique reste stable. Les secteurs de la culture et loisirs et les cafés-hôtels-restaurants présentent des performances en baisse, comparables à celle de l’année précédente. Quant à la santé (pharmacie et optique), elle voit son chiffre d’affaires baisser de 0,9%. Record avec le bâtiment, qui affiche une diminution de 1,5 % de son chiffre d’affaires, et de 4,8% de son résultat courant.

Des écarts de revenus

Autre tendance examinée par la FCGA, le classement des revenus nets des professions en 2014, qui présente des écarts considérables entre, au plus haut, la pharmacie (144 900 euros), et, à l’autre extrémité, le toilettage des animaux (12 300 euros). Au somment, « la pharmacie crève les plafonds. C’est l’une des seules professions dont le revenu n’a pas baissé ». L’optique, suit, avec 60 400 euros. Quant à la boucherie (39 900 euros), elle connaît une très légère amélioration, et les agences immobilières stagnent (39 400 euros). Parmi les professions les plus mal payées, figurent les revendeurs de cadeaux souvenirs, les salons de coiffure, ou encore les fleuristes (18 000 euros environ). « Ces professions qui ne bougent pas beaucoup, ce sont des petites entreprises. En cas de variation d’activité, le chef d’entreprise peut gérer plus facilement les impacts de charges, quand il est seul, ou quasi-seul », commente Yves Marmont.

Un crédit ? Non merci

Difficile d’imputer à une difficulté d’accès au crédit les faibles performances desTPE et PME, à en suivre les données de la Banque de France. « On peut considérer que l’accès au crédit des entreprises reste large. (…), mais il y a un point de vigilance sur les crédits à la trésorerie des TPE qui ne sont pas en progression, mais en légère réduction », explique Jacques Fournier, directeur général des statistiques de la Banque de France. Toutes catégories d’entreprises confondues, entre août 2014 et août 2015, le taux de croissance des crédits bancaires s’élève, en France, à 3,2%, un taux supérieur à celui des autres pays européens : la moyenne de croissance de la zone euro stagne à 0,4%, et le tauxdiminue même en Espagne, de 3,7%. Pour les PME, sur la même période, le taux de croissance des crédits bancaires (pour les sommes supérieures à 25 000 euros) est moindre, de l’ordre de 2,3%.

En revanche, au deuxième trimestre 2015, les crédits aux micro-entreprises – hors immobilier- diminuent légèrement, en particulier, les crédits de trésorerie ( -1,6%). Une baisse qui ne tient à pas à un problème d’accès au crédit, d’après les résultats de l’enquête dédiée de la Banque de France. Au troisième trimestre 2015, « pour les crédits d’investissements, la demande reste stable. Elle est assez modérée aussi bien pour les PME que pour les TPE », note Jacques Fournier. Et le taux d’obtention, (avec comme critère 75% au moins du montant demandé) est élevé : il est de l’ordre de 92% pour les PME et de 81% pour les TPE. « Il fléchit légèrement, mais les niveaux restent très importants, et ils sont parmi les plus élevés au niveau européen », commente le responsable. Quant aux crédits de trésorerie, la demande reste faible et le taux d’obtention élevé pour les PME. En revanche, il diminue légèrement pour les TPE.

Reste le phénomène de l’autocensure des dirigeants d’entreprise à demander un crédit, que la Banque de France s’efforce de mesurer tous les six mois. D’après les dernières études, ce comportement ne concerne qu’une proportion infime (autour de 2%) des patrons de PME ou de TPE. Reste qu’entre le quart et le tiers de l’échantillon interrogé a choisi l’option « sans réponse », difficile à interpréter. Autre tendance spécifique aux TPE et aux PME, si « la baisse des taux qui se manifeste depuis 2011, liée à l’action des banques centrales, se traduit par une baisse pour toutes les catégories d’entreprises (…) elle est significativement plus importante pour les TPE et les PME que pour les ETI (1) », rappelle Jacques Fournier. Même si l’écart s’est réduit, les micro-entreprises continuent à se voir appliquer des taux de crédit plus élevés que les grandes entreprises. De plus, le coût du crédit diffère également en fonction des secteurs : « en moyenne, le taux de crédit pour le secteur du bâtiment est sensiblement plus élevé. Cela tient probablement au fait que les entreprises sont moins bien cotées, et aussi en raison de la conjoncture difficile. Cela constitue un facteur de risque que les prêteurs prennent en compte », analyse Jacques Fournier. Double peine, donc, pour les TPE du secteur du bâtiment.

(1) Entreprises de taille intermédiaire

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