Arnaud Palu : "Marineland

Arnaud Palu : "Marineland a évolué depuis la catastrophe"

Le parc animalier d’Antibes vient de rouvrir six mois après avoir été ravagé par une vague de boue. Son nouveau directeur s’exprime à l’aube d’un redémarrage compliqué.

Comment avez-vous vécu cette catastrophe ?
Comme un fait divers, à distance. A l’époque, je travaillais à Dubaï. L’émotion, c’est lorsque je suis arrivé ici. Il y a eu une mobilisation exceptionnelle des animaliers, des soigneurs qui ont été là 24 heures sur 24, des techniciens qui ont remis en ordre les systèmes de pompes et de filtres. Il y a eu aussi des bénévoles, des gens venus avec des camions frigorifiques et qui les ont laissé tourner pour stocker la nourriture de nos animaux.

Le bilan des pertes ?
Nous avons perdu quatre tortues. L’orque est mort douze jours après d’une torsion de l’estomac. On n’est pas en mesure de dire que c’est directement lié. Nous avons remplacé les animaux de la ferme qui avaient été emportés. Le soir, c’est mon petit trésor à moi, je récupère mon énergie lorsque je vais donner le biberon aux petits chevreaux qui viennent de naître.

Vous ouvrez sous la pression d’associations et d’élus écologistes opposés à Marineland…
Oui, et bizarrement, je comprends. S’exprimer est légitime et j’accepte la démarche des « anti » car toute société, toute organisation a besoin d’un contre-pouvoir et de gens qui pourront parler de leurs frustrations et leurs inquiétudes.

Est-ce que ce modèle de parc marin, très contesté aux Etats-Unis, peut perdurer ?
Il y a un débat spécifique par rapport aux orques. Mais, oui, les parcs marins ont leur raison d’être à partir du moment où ils se présentent avec une mission. Celle-ci doit être de sensibilisation. Par exemple, notre fondation Marineland travaille à la réadaptation de tortues, à la protection des phoques moines de Méditerranée. C’est cela notre raison d’être.

Alors qu’est-ce qui va changer ?
Nous avons écouté les visiteurs. Les gens veulent maintenant vivre une expérience. Dans un parc de loisirs, un parc animalier ou un musée, ils veulent une implication et un échange. Les musées ont évolué, avec des environnements plus interactifs, avec des technologies permettant des immersions pour être plus proche de l’œuvre. Les parcs marins doivent s’inscrire dans cette démarche.

Et votre objectif ?
C’est que lorsque les gens repartiront de Marineland, ce sera avec une connaissance, un souvenir et, ce que j’aimerais bien, une émotion en plus. Cela ne pourra passer que par les échanges que l’on va pouvoir proposer. Nous avons créé une nouvelle équipe pédagogique. Elle va aller au devant des gens pour dialoguer, proposer des ateliers auprès des bassins. Par exemple pour expliquer la technique de chasse des dauphins, de quoi est faite la carapace d’une tortue…

Finis les grands shows à l’américaine ?
Nos représentations installent l’animal dans ses comportements naturels. C’est à dire la façon dont l’orque, l’otarie, le dauphin… bougent, se nourrissent. Cette démarche sera appuyée par une vidéo pour voir ce qui se passe sous l’eau et est habituellement inaccessible.

Votre réconfort ?
J’ai un groupe d’animaliers et de soigneurs qui aime leurs animaux à un point qu’ils s’en occupent comme des membres de leur famille. Aucun n’a jamais eu d’aspiration de vivre leur vie comme étant des tortionnaires à la Guantanamo B.

Et la saison ?
Nous venons juste de relancer les réservations. Il est trop tôt pour sentir la tendance. Pâques sera le grand test.

Son parcours

Arnaud Palu, 48ans, est spécialiste du management de parcs de loisirs.

1991-2000 : Paris, Disneyland.
2001-2009 : Londres, Dôme du Millenium (et de deux autres dômes de ski au Royaume Uni).
2008-2009 : Dubaï, supervise les travaux d’une galerie commerce/loisirs.
2009-2010 : Los Angeles, entreprise de design pour parcs de loisirs.
2010-2015 : Dubaï, galerie commerce/loisirs/ski.
2016 : arrive à la tête de Marineland.

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