Yvon Grosso "Le code (...)

Yvon Grosso "Le code tu travail a fait son temps"

Pour le patron de l’UPE-06 il faut remettre à plat les règles pour organiser un sytème moderne qui facilite les entreprises et sécurise les parcours

Est-il judicieux de modifier le code du travail ?
Le Medef, la CGPME, les organisations patronales en gé- néral réclament depuis longtemps sa simplification. Car aujourd’hui, les employés ont peur du licenciement, les employeurs ont peur d’embaucher. C’est une situation absurde, dont il faut sortir par un gagnant-gagnant.

Il y a urgence selon vous ?
Le code du travail a fait son temps, il n’est plus adapté au monde moderne, à la compétition internationale. Il a trop d’articles, il est trop lourd, il est devenu incompréhensible et, surtout, il ne protège plus et empêche les embauches.

Comment cela ?
Je vais vous donner un exemple, qui concerne une entreprise des Alpes-Maritimes. Elle a besoin de créer un poste, mais pour obtenir 4000 euros d’allègement de charges sur deux ans, soit 500 euros par trimestre, elle doit limiter le salaire à 1900 euros brut le premier mois, sinon ça ne passe pas. Ce plafond de verre la prive donc d’embau- cher un jeune avec un master et quatre ou cinq ans d’expérience, car logiquement ce candidat espère davantage. Il y a une rigidité contreproductive.

Pourtant, le code du travail est le fruit d’années de négociations entre salariés, employeurs et l’Etat.
Oui, mais le problème, c’est que les négociations avec les partenaires sociaux s’effectuent avec des gens qui ont des postures doctrinales. Ce sont des permanents, qui ne sont pas dans la réalité des choses, car cela fait souvent très longtemps qu’ils ne travaillent pas dans la production mais occupent « professionnellement » des postes syndicaux. Le dialogue est quasi impossible. La France est bloquée par des personnes qui sont encore dans la logique de la lutte des classes. Mais aussi avec des hauts fonctionnaires bien au chaud, qui ne risquent rien, qui bénéficient de statuts spéciaux, et qui ont plus de pouvoir que les politiques.

Les gouvernements ne ménagent pourtant pas leur peine depuis longtemps pour mettre de l’huile dans les rouages...
A chaque fois qu’un gouvernement essaie de lancer une nouvelle formule destinée à faciliter l’embauche, comme les contrats de génération, les contrats d’avenir, les contrats aidés, ça ne marche pas. Il complexifie les choses. On le constate malheureusement depuis longtemps, avec un chômage qui ne cesse d’augmenter.

Selon vous, quel est le mal français ?
Chez nous, l’emploi est devenu en combat culturel. C’est l’exception française qui fait rigoler à l’étranger, car au fil des années nous avons perdu la valeur du travail. Or un pays qui ne travaille pas, ou moins que ses voisins, a forcément des problèmes, des caisses vides...

L’idée des 35 heures était de partager le travail, une fausse piste pour vous ?
Il faut un choc sur le contrat de travail. On ne peut encore diminuer le temps de travail. Le projet de Mme El Khomri va dans le bon sens. Mais c’est une erreur de ne pas aller jusqu’à déverrouiller les 35 heures. Evidemment, à quelques mois des élections, Valls ménage sa gauche.

Et pour sortir du chômage ?
Tous les gouvernements ont pen- sé qu’il fallait faire un traitement social du chômage, c’est à dire distribuer de l’argent aux gens sans travail. Cela a induit un matraquage fiscal qui impacte les comptes des entreprises et celui des ménages. Il faudrait ramener en France le niveau des charges à la moyenne des pays européens et s’aligner sur ces seuils. Cela nous permettrait de redevenir compétitifs. Nous avons besoin de flexibilité, c’est une évidence. Sans doute est-il temps de passer à une 6è République, pour redéfinir les relations entre le social et l’économie, car aujourd’hui tout est grippé et le système pourrait bien finir par imploser.

- Son parcours
- 1954, naissance à Cannes
Formation :Licence d’anglais à Londres, DEA Information et Communi- cation, diplôme de 3e cycle HEC executive management
- 1976-1982, chef d’agence pour Follin et Milleville.
- 1982, entre chez Adecco. Créé un réseau d’une trentaine d’agences et 220 collaborateurs.
- 2000, entre au bureau de l’UPE06.
- 2007, quitte Adecco et créé de nouvelles entreprises.
- 2010, président de l’UPE-06

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