FMI et médecins de Molière

FMI et médecins de Molière

Vous vous demandez sans doute pourquoi le fauteuil à la direction du FMI est aussi convoité. Bon, d’accord : le poste est prestigieux, il est très honorablement rétribué, confère des droits à la retraite substantiels, ouvre droit à un logement et un véhicule de fonction, une allocation de tickets-restaurant et une carte de réduction dans les grands hôtels. Les conventions internationales accordent au Directeur du FMI un rang de préséance appréciable dans la hiérarchie protocolaire, encore que l’immunité diplomatique ne lui soit pas accordée : il ne saurait être question pour lui d’invoquer la raison d’Etat pour plaider son irresponsabilité. Du reste, la raison d’Etat est un concept étranger à la fonction : une entité supranationale ignore nécessairement les notions triviales de nation ou de souveraineté nationale, autant de gros mots bannis du dictionnaire éfémien. Le grand machin est l’épicentre de la raison pure en matière de gestion publique : votre pays a des difficultés ? Appelez le FMI et il vous livrera clefs en mains la solution de vos ennuis. Il n’est même pas nécessaire de l’appeler : dès les premiers symptômes d’impécuniosité, ses médecins seront à votre chevet.

On les voit beaucoup à Athènes, en ce moment, mais pas dans les rues : il semble que les potions qu’ils prescrivent soient exagérément amères au goût des populations locales. La gestion d’un pays serait beaucoup plus simple sans ses habitants, toujours prêts à renâcler quand on les prive de dessert. C’est pénible. Les experts du FMI détiennent pourtant la solution une et indivisible aux problèmes d’argent. Voyez par exemple le Japon : sa dette publique est la plus élevée au sein des grands pays de la planète, et elle ne cesse de gonfler. C’est déjà un miracle si sa signature internationale n’a pas implosé. Heureusement, le Directeur intérimaire de l’Institution vient de faire un saut à Tokyo pour apporter la bonne parole : yaka tripler la TVA et les bœufs de Kobé seront bien gardés. Reconnaissons que les consommateurs Japonais ne supportent qu’une modeste taxe de 5% : ils sont donc remarquablement choyés par rapport à leurs homologues européens. On attend donc avec impatience que le futur Directeur du FMI honore les Etats-Unis d’une visite officielle : la TVA yankee est faible, voire inexistante, dans les Etats de l’Oncle Sam. Il y a donc du gras sur l’os. Voilà qui est plus ennuyeux pour nous autres Français, dont les finances publiques sont également anémiées. Car en matière de TVA, on a déjà donné.

La recette du jour

Equilibre financier

Vous avez en charge les finances de votre pays et la situation n’est pas brillante : vos prédécesseurs ont été dépensiers et vous avez eu le tort de les imiter. Revenez aux fondamentaux et adoptez la devise de celui qui fut le premier patron de la DGI : « La politique fiscale, c’est facile : vous augmentez les impôts tant que les gens acceptent de les payer ». Si vos concitoyens vous virent, intégrez le FMI.

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