la gouvernance en fusion

la gouvernance en fusion

Pour comprendre les conflits armés des temps présents, la lecture de Sun Tzu, Clausewitz et autres fameux stratèges n’apporte aucun réconfort. Mieux vaut sans doute rechercher l’inspiration dans les cours de récréation, les promenoirs de prisons ou les basses-cours – si l’on a l’estomac délicat. Autant d’endroits concentrationnaires où se crée spontanément une métaphore d’organisation, un ordre rustique et violent sous l’autorité de caïds à biscoteaux ou de rhéteurs rodomonts. Finalement, il est plus facile de comprendre la guerre des gangs dans le Bronx que l’Aube de l’Odyssée en Libye. Où les hérauts de la morale universelle font interdire le ciel pour y faire patrouiller leurs propres avions de combat, et qui protègent les populations autochtones en mitraillant tout ce qui dépasse. Faute de pouvoir avouer qu’ils ne savent pas ce qu’ils font dans cette pétaudière, ils en sont réduits à écouter d’une oreille complaisante les propositions de maquignon des fils du Colonel honni. Qui s’engagent à placer leur père au mouroir et sous curatelle, histoire de disposer illico de son trésor, et à conduire le pays vers la démocratie élective, ce paradis de la bienpensance occidentale que la prolifération des Tartuffe a transformé en maison de passe. Une odyssée ? C’est plutôt l’Aube de la Chienlit.

Pour ajouter à la confusion, voilà que les parrains de l’ordre universel décident soudainement de hâter le destin de la Cote d’Ivoire, en prenant une part active aux empoignades locales qui étrillent le pays depuis la mort d’Houphouët-Boigny (1993…), et que la « communauté internationale » a patiemment laisser bouillonner jusqu’à la guerre civile. De nouveau, pour « protéger les populations civiles », l’ONU ordonne à ses « soldats de la paix » de passer à l’offensive, en bombardant le palais présidentiel et quelques camps militaires. Avec l’aide empressée de la France, jadis pays des Lumières, aujourd’hui quartier des artificiers. On entre désormais dans l’extravagance. Comme si Greenpeace exterminait les baleines pour empêcher leur capture illégale ; comme si l’avocat pendait le prévenu pour lui épargner l’infamie du procès ; comme si La Croix Rouge dynamitait les hôpitaux pour faire cesser l’afflux de blessés. La gouvernance mondiale est affligée du syndrome Fukushima : une fusion nucléaire en gestation. Dont les dégâts potentiels sont imprévisibles. Mais assurément dévastateurs.

La recette du jour

Stratégie d’Attila version Hugo

Vous avez été élu à la tête d’une grande nation. Vous n’avez jamais vraiment compris ce qu’il convenait de faire, mais aujourd’hui, vos confrères étrangers n’en savent rien non plus. Sortez vos joujoux militaires des hangars et tirez sur tout ce qui bouge. Et dans le vacarme guerrier, méditez les vers du poète : Tout fuit, tout passe/L’espace efface/Le bruit.

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