Le mandarin et le bonobo

Le mandarin et le bonobo

Vous ne pouvez pas soupçonner tout ce que nous apprennent les mandarins. On veut parler ici des diamants mandarins, ces petits oiseaux au comportement très grégaire, qui sont un inépuisable sujet d’étude dans les milieux scientifiques. Pas seulement à cause de leur capacité remarquable à réagir au chant de leurs semblables, ce qui donne lieu à de passionnantes spéculations sur les modalités d’acquisition du langage. Il y a aussi le fait que le mandarin est une espèce très prolifique : chaque fois que des pluies abondantes mouillent son nid, le voilà prêt pour des galipettes. C’est pourquoi les mandarins luxurieux ont déserté votre potager : trop sec. Un comportement finalement assez proche de celui de l’homo sapiens : il suffit que les conditions climatiques l’obligent à rester enfermé, chez lui ou ailleurs, pour qu’il soit soumis à des pulsions polissonnes. De tels réflexes pavloviens relèvent-ils de l’inné ou de l’acquis ? C’est la question capitale que se sont posée les chercheurs allemands du Max Planck Institut für Ornithologie de Seewiesen, selon la narration du quotidien Le Temps.

La réponse des ornithologues va bien au-delà de la question initiale. Car ils ont relevé que le comportement sexuel volage de certains mandarins résulterait de leur patrimoine génétique. Leur inconstance conjugale serait donc héréditaire. On s’en doute, la tentation est grande de supposer l’espèce humaine porteuse du gène de l’infidélité. Ce gène canaille affligerait particulièrement les mandarins, ainsi nommés ceux qui occupent des fonctions éminentes parmi leurs congénères, comme en témoigne l’épidémie de volagisme qui se répand à la vitesse de la contamination du concombre, en dépit de la sécheresse persistante sous nos latitudes. L’interrogation n’est pas nouvelle : selon Le Temps, des chercheurs suédois avaient déjà identifié la responsabilité de la vasopressine, une hormone impliquée dans le comportement social. Et antérieurement, une étude menée par un généticien anglais, sur une cohorte de jumelles homozygotes, avait démontré que si l’une d’elles avait la cuisse légère, sa sœur avait deux fois plus de chances d’être dans le même cas que la moyenne de la population féminine. Laquelle serait confrontée au risque d’infidélité à hauteur de 22% – beaucoup moins, toutefois, que son homologue mâle, dont les membres sont nettement plus exposés. Il en résulte que les candidats au mariage devraient préalablement s’imposer une analyse de leur vasopressine respective. Mieux vaut être averti avant d’épouser un(e) bonobo.

La recette du jour

Enquête prénuptiale

Vous envisagez de convoler en justes noces et donc d’échanger le serment de fidélité viagère. Préalablement, enfermez-vous avec votre futur conjoint dans une cage de bonobos et observez scrupuleusement les événements. Vous en tirerez les enseignements appropriés à la rédaction de votre contrat de mariage. Ou plus probablement, vous renoncerez à votre projet.

deconnecte