Le gouvernement cherche

Le gouvernement cherche des pistes à l’export

  • le 15 février 2011

Avec un déficit commercial de plus de 51 milliards d’euros en 2010, la France rate le train de la croissance mondiale, qui se concentre dans les pays émergents. François Fillon a présenté un train de mesures destinées à encourager les entreprises, et notamment les PME, à sortir des frontières.

Il est des comparaisons peu flatteuses. Alors que l’Allemagne affiche un excédent commercial de plus de 154 milliards d’euros pour 2010, la France doit faire face à un déficit de son commerce extérieur de 51,4 milliards d’euros, sur la même période. Un vrai problème, à l’heure où la croissance mondiale se concentre dans les pays émergents tels la Chine ou l’Inde, et où les entreprises françaises candidates à l’export se retrouvent en concurrence avec des sociétés issus de ces mêmes pays.
Suite à la publication de ces chiffres, le Premier ministre,François Fillon a annoncé les grandes lignes de la nouvelle politique du gouvernement, en soutien à l’export, ce 10 février, à Bercy, lors des « Rencontres de l’export ». « Le déficit de notre solde commercial n’est pas une fatalité » a estimé le Premier ministre, qui a dessiné trois axes pour le combattre. « Le premier, c’est l’ouverture des marchés et la régulation du commerce international » a-t-il expliqué, évoquant notamment la nécessité de soutenir une politique commerciale européenne qui tienne « compte de l’évolution du monde ». « Aujourd’hui, on ne peut plus consentir aux grands pays émergents les mêmes avantages que ceux qui sont accordés aux pays les moins avancés » a avancé François Fillon. « Le premier objectif de la politique commerciale de l’Union Européenne doit être d’ouvrir à nos entreprises les marchés en forte croissance » a complété Pierre Lellouche, secrétaire d’Etat chargé du Commerce extérieur. De fait, « l’année 2011 comporte des échéances majeures » a détaillé Pierre Lellouche. Au programme : les négociations du cycle de Doha, dans le cadre de l’OMC, l’organisation mondiale du commerce, et la conclusion de nouveaux accords de libre-échange entre l’Union Européenne, le Canada, Singapour et l’Inde.

Grands contrats cajolés

Le deuxième axe d’action du gouvernement, pour favoriser l’exportation, concerne le soutien aux grands contrats. Ces derniers représentent 5% environ du commerce extérieur de la France, avec en tête le secteur aéronautique. En 2010, leur montant a atteint 21 milliards d’euros, en croissance de 38% par rapport à l’année précédente. Néanmoins, l’Etat « renforcera ses moyens pour accompagner les entreprises dans la bataille des grands contrats » a promis le Premier ministre. Plus que jamais, le Président de la République devra jouer au VRP. Par ailleurs, ces entreprises porteuses de ces projets accèderont désormais à des « mécanismes de financements innovants à l’export, notamment par l’assouplissement de l’assurance-crédit » a-t-il précisé. Trois grands contrats jugés stratégiques devraient bénéficier, « à titre pilote », d’un soutien financier renforcé. Par ailleurs, Pierre Lellouche entend « contribuer à remettre de l’ordre » dans l’organisation des filières à l’export. Citant des exemples d’appels d’offres internationaux, où des entreprises françaises jouent la concurrence les unes avec les autres, le secrétaire d’Etat a insisté sur la nécessité d’arriver « absolument soudés face à la demande ».

A l’assaut des PME

Néanmoins, « le plus important est certainement d’amener plus d’entreprises à l’export » a souligné François Fillon : et ce sera le troisième axe de la nouvelle politique de l’export. Car là aussi, la comparaison avec l’Allemagne est peu flatteuse. Alors qu’outre-Rhin, on compte 400 000 entreprises exportatrices, en France, elles ne sont que 81 000 environ en 2010, d’après Bercy. Pis, leur nombre a diminué de 15% en dix ans. « Nos chefs d’entreprises doivent avoir aujourd’hui le réflexe de regarder hors de nos frontières » a soutenu François Fillon. De son coté, l’Etat entend renforcer et améliorer le dispositif de soutien à l’export aux entreprises, notamment, par une meilleure coordination des structures en charge de cette problématique et par une évaluation de leurs actions. « Ubifrance est présent dans 46 pays (…) et le nombre d’entreprises accompagnées a triplé chaque année » a rappelé François Fillon, qui prévoit à présent de « mesurer » les performances de cet accompagnement, et, surtout, de lui fixer des objectifs en terme de résultats à l’export. Même son de cloche, du coté du réseau des services économiques des ambassades, également encouragés à évaluer leurs performances. Coté entreprises, l’accès au financement export devrait être renforcé. « Depuis 2007, le nombre d’entreprises ayant bénéficié de l’assurance prospection de la COFACE, est passé d’un peu moins de 5 000 à environ 7 000. Je souhaite que nous passions à 10 000 fin 2012, tout en simplifiant les dispositifs publics de financement de l’export » a annoncé le Premier ministre. Et les exportateurs devraient également se voir doter de davantage de ressources humaines. Objectif est donné de doubler le nombre de VIE (Volontaires internationaux en entreprise), « le plus vite possible , d’après Pierre Lellouche.

Structuration du réseau

De façon générale, les réseaux d’ acteurs impliqués dans l’export vont devoir améliorer leur collaboration, pour faciliter la vie des entreprises candidates à l’export. Déjà, Oseo, qui finance des entreprises en croissance, et Ubifrance, l’Agence française pour le développement international des entreprises, viennent de mettre en place une offre intégrée « Duo Export + », qui propose un service allant du conseil à l’aide au montage de projet, à l’accompagnement et au financement des projets à l’export. Et les régions sont elles aussi de la partie : à partir du mois de mai prochain, trois d’entre elles testeront des « guichets uniques à l’export », regroupant l’ensemble des structures concernées, et destinés à accompagner les entreprises.

Et sur le plan numérique, ces dernières devraient prochainement pouvoir accéder un portail Internet unique dédié à l’exportation, via la refonte du site exporter.gouv.fr.

Par Anne DAUBREE

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