Observatoire Immobilier

Observatoire Immobilier d’Habitat - Cyril Messika : « Les mois à venir vont être très compliqués »

Le président de l’Observatoire Immobilier d’Habitat (OIH) de la CCI Nice Côte d’Azur a rappelé que les professionnels attendaient depuis longtemps des actes forts de la part de l’État.

« La situation est particulièrement préoccupante et l’ensemble de la filière s’en émeut depuis de longs mois  », a rappelé le président de la CCI NCA Jean-Pierre Savarino en introduction de la présentation des chiffres du marché immobilier d’habitat dans les Alpes-Maritimes pour le premier trimestre 2024, mardi 21 mai.


Au premier rang : Jean-Pierre Savarino, Cyril Messika et William Siksik (FNAIM Côte d’Azur). Derrière eux, Me Hervé Accorsi, Hervé Bazin (Banque des territoires), Philippe Sagnes (IN’LI PACA) et Patrick Guibbolini (EDF). Ont également participé à la conférence de presse du 21 mai à la CCI Nice Côte d’Azur, Marc Raspor (FPI Côte d’Azur), Patrick Moulard (FBTP 06) et Muriel Fernand (OIH CCI Nice Côte d’Azur). ©S.G

« Dans ce contexte de crise sans précédent, la fédération des acteurs au sein de l’OIH est plus que jamais une force », a assuré M. Savarino. Cyril Messika, président de l’OIH, a ensuite enfoncé le clou : « Force est de constater que la situation ne s’améliore pas et que les mois à venir vont être très compliqués. Les propositions sont sur la table (notamment la portabilité et la transférabilité des prêts) et les professionnels attendent depuis longtemps des actes forts de la part de l’État. Si nous ne sommes pas entendus, c’est l’économie tout entière qui pâtira de cette situation », a-t-il prédit. Il a également souligné « l’impact que les baisses de transactions auront sur le budget du département. Au niveau national les droits de mutation à titre onéreux s’élèvent à 12,9 milliards d’euros en 2023 et accusent une baisse proche de 23 % par rapport à 2022. Ils constituent la deuxième recette de fonctionnement des départements avec un taux moyen de 21 %. Pour les Alpes-Maritimes, les droits de mutation constituent 40 % du total des recettes de fonctionnement du département », a-t-il développé. « Nous devrons donc, dans ce contexte incertain, rester unis et solidaires  ». Il a ensuite rappelé que si des actions peuvent être entreprises localement, « il y a beaucoup de choses qui sont faites au niveau national ».

Paradoxe

De gauche à droite au premier plan : JP Savarino, C.Messika et W.Siksik ©S.G

Des rencontres ont été organisées avec le préfet et «  une lettre a été envoyée à l’ensemble des maires du département. On a rencontré des maires mais cela reste très difficile d’entretenir le dialogue avec eux », a-t-il expliqué, résumant que la problématique du logement neuf reposait « sur la délivrance des permis de construire  ». «  Le premier engagement c’est l’élu qui doit l’avoir et il doit affirmer sa volonté de faire du logement  », a confirmé Marc Raspor, président de la fédération des promoteurs immobiliers de la Côte d’Azur et de la Corse. « Aujourd’hui on est à leur disposition, on échange avec eux. On sait qu’ils sont dans une grande difficulté car eux aussi font face à un paradoxe : on n’a jamais eu autant besoin de logements mais dès qu’il y a un nouveau projet qui sort, le concitoyen est vent debout et dit qu’il faut arrêter de construire. Ce sera un enjeu collectif pour régler cette problématique du logement  ».
Pour le président de la chambre des notaires des Alpes-Maritimes, Me Hervé Accorsi, « il faut faciliter la délivrance des permis de construire. C’est simple à dire mais pas si évident à faire ». Il est également favorable à « une fiscalité qui favorise la location sur du long terme au détriment de la location saisonnière, aujourd’hui plus lucrative parce qu’elle bénéficie d’une fiscalité plus allégée  ». L’adoption par le Sénat, mardi 21 mai, d’une proposition de loi visant à remédier aux déséquilibres du marché locatif va dans ce sens. Elle prévoit en effet de réduire les abattements fiscaux dans le cadre de l’imposition des revenus venant de la location touristique. Les notaires veulent également une utilisation plus large du viager, « notamment dans le cadre familial, ce qui est quand même très compliqué aujourd’hui  », selon Me Accorsi. Et ils souhaitent, comme la FNAIM, la portabilité des prêts et plus de prêts à taux zéro accordés aux primo-accédants, « grands perdants de cette crise du logement ».

Les principaux chiffres de l’immobilier dans le département

- Baisse de 26 % des ventes pour le marché de l’existant au 1er trimestre (sur une année glissante)
- Quasi-stabilité des prix dans l’ancien, à 4 917 €/m2
- Baisse de 24 % pour les mises en vente dans le neuf au 1er trimestre (sur une année glissante)
- Hausse des prix de 6 % dans le neuf, à 6 757 euros/m2
- 69 % des acquéreurs sont déjà des habitants des Alpes-Maritimes
- 27 % des acquéreurs ont 60 ans et plus
- 55 % des biens achetés sont des studios et des 2 pièces

(Sources : Observatoire Immobilier d’Habitat et Chambre des notaires 06)

Photo de Une : Cyril Messika a été reconduit président de l’OIH pour une nouveau mandat de deux années ©S.G

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